Si Joseph Dupuis, directeur du projet Penly 3 chez EDF, a qualifié ce débat de ''vrai moment d'échanges et de dialogues qui a permis de tisser des liens entre les parties prenantes'', Didier Houi, président de la Commission particulière du débat public, constate que ''Monsieur et Madame tout le monde n'ont pas été beaucoup attirés par le débat et souligne que contrairement à un projet de route, sur des projets tels que Penly 3, il y a peu de marges de manœuvre sur les parties techniques et industrielles. Cela cultive un débat manichéen, et l'expression de postures pour ou contre'', explique-t-il dans un communiqué.
La CPDP note également que le scepticisme vis-à-vis de l'utilité de ce débat est un thème récurrent dans les opinions qui se sont exprimées. L'association Agir pour l'environnement notamment regrette que le débat public ait été organisé un an et demi après la décision du Chef de l'Etat de construire cette nouvelle unité de production électrique. ''Une fois encore, et malgré les déconvenues, retards et surcoûts du chantier de l'EPR à Flamanville, la France semble opter pour une démocratie irradiée où le débat public cautionne, a posteriori, une décision unilatérale et irraisonnée'', estime l'association.
Cette position a été sans doute exacerbée par la publication du rapport Roussely sur l'avenir de la filière du nucléaire civil le 11 mai dernier, en plein débat public. Un rapport classé ''secret défense''.
L'association France Nature Environnement a quant à elle souhaité élargir le débat sur l'utilité ou non d'un tel réacteur. Elle a pour cela demandé la réalisation d'une expertise complémentaire sur les politiques énergétiques alternatives à l'EPR. Présentée à l'occasion du débat public, cette étude conclut que le fait de construire l'EPR de Penly revient à prévoir que les objectifs du Grenelle de l'environnement en matière de maîtrise de la consommation et de développement des énergies renouvelables ne seront pas respectés. ''L'objectif retenu par la Programmation Pluriannuel des Investissements (PPI) correspondant à celui formulé par le COMOP 10 [ndlr : du Grenelle de l'environnement] à l'horizon 2020 permet à lui seul de répondre aux besoins en 2030 engendrés par les scenarii les plus alarmistes'', peut-on lire dans les conclusions de l'étude. Ses auteurs estiment par conséquent qu'il n'est pas utile de se prononcer dès maintenant sur la construction ou non d'un nouvel EPR. Compte tenu de ces résultats, FNE a demandé un moratoire sur la construction de l'EPR de Penly 3 en attendant que Flamanville soit terminé et que les premiers retours d'expérience soient connus.
EDF a trois mois pour prendre en compte ou non les remarques
Alors que le premier EPR est en construction à Flamanville depuis 2007, celle du deuxième EPR français pourrait débuter en 2012 pour un couplage au réseau en 2017. D'un coût estimé à quatre milliards d'euros, le projet de réacteur nucléaire de 3ème génération, d'une capacité de 1.650 MW, aura comme actionnaire majoritaire EDF mais aussi Total et GDF-Suez.
À partir de la date de clôture du débat, soit le 24 juillet, la Commission particulière et la Commission nationale disposent de deux mois pour rédiger le compte rendu et le bilan du débat en intégrant les différentes positions exprimées. La CNDP transmettra au maître d'ouvrage ses principaux éléments et suggestions. EDF aura trois mois pour indiquer les suites qu'il entend leur donner.